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Christelle Bausson, une femme « claire obscure », à la lisière des paradoxes
Sa peinture qu'elle soit figurative ou abstraite, ou les deux à la fois - l'accent étant mis tantôt sur sa dimension figurative, tantôt sur sa dimension abstraite -, le plus important dans l'oeuvre picturale, selon Braque, « c'est toujours ce qu'on ne peut pas dire ou qu'on ne voit pas » : cet invisible et cet indicible que Christelle Bausson, cette jeune femme, poète, peintre et psychologue veut vraiment dire et qui ne peuvent être dits qu'en les taisant : à savoir cette exigence de vie qui l'a pousse à vouloir aller au bout de ses possibilités qui la rend amoureuse de l'imprévu, de la découverte de soi et de l'autre, du plaisir d'entreprendre, de comprendre, d'être libre, une exigence de vie qui l'incite simultanément à chercher la sincérité et la réserve, la lumière et l'ombre, le partage et la solitude.
Seul moyen pour elle d'assumer et de surmonter ses ambiguïtés et ses contradictions : la poésie.
La poésie en mots, qu'elle compose pour se réintroduire dans une harmonie musicale à laquelle elle aspire. La peinture, autrement dit « la poésie qui se voit », où elle se voit et se met en scène sans le dire avec une infinie pudeur, rare pour l'époque, dans la nature.
Une nature qui toujours, qu'elle soit bretonne, avec son océan écumeux, ses tourbillons de vents, ses rivières , ses fleurs, ses poissons, ses mouettes et goélands, ou qu'elle soit exotique avec ses roseaux et ses lianes, ses zèbres, ses girafes et ses éléphants tout droit sortis du pinceau du douanier Rousseau ou d'un livre de contes pour enfants, est pour elle le lieu inoubliable de son enfance, réelle ou mythique, le lieu d'une origine qui la fonde et la rassure.
C'est que pour elle, qui paradoxalement s'efforce et craint d'oublier, se sentant à la fois gaie et tourmentée, la peinture est un ressourcement et une libération.
Par sa peinture, toute pleine des émotions de la petite fille qu'elle a été, mais aussi des souvenirs de Matisse, de Miro, elle opère en effet un retour vers un passé mais sous forme métaphorique, c'est à dire comme à distance poétique; en même temps, c'est à travers la puissance tourbillonnante des vents, les fleurs qu'elle fait s'envoler dans le printemps, ou par la vigoureuse présence d'un coquelicot dont les pétales rouges, jaunes bordés d'un épais trait bleu-noir occupant tout l'espace, qu'elle exprime tout aussi poétiquement sa force et son dynamisme naturels, sa soif d'espace et de lumière.
Plus encore que par ses poèmes, c'est par ses peintures qu'elle connaît cette sérénité qui provient de la réconciliation de ses pulsions antagonistes, qu'elle récrée momentanément l'unité de son être lequel ne trouve à se réaliser que dans l'ordre de la poésie . Peintures qu'elle compose rapidement, d'un seul jet, sous le coup d'un désir spontané, sans préparation donc, mais sans la moindre tentation de « revenir »sur les oeuvres pour les corriger ou les modifier, comme si elle craignait de détruire ce fragile équilibre que seule peut procurer cette minute d'éternité qu'est la poésie.
Yves Moraud